C’est dans le cadre enchanteur du château de Clervaux qu’évolue Anke Reitz, conservatrice des collections d’Edward Steichen pour le Centre national d’audiovisuel du Grand-Duché de Luxembourg. Véritable gardienne de la mémoire Unesco, passionnée de photographie et d’histoire de l’art, elle est aujourd’hui le 504ème visage de l’incroyable collection humaniste The Family of Man.
Depuis 15 ans, les photographies côtoient Anke Reitz quotidiennement. Et pourtant, les émotions que celles-ci arrivent à transmettre à la conservatrice se muent constamment. Au fil des rencontres, des expériences de la vie ou via certains détails qui semblent un jour prendre plus d’importance que le précédent. Les visiteurs, également, amènent avec eux leur propre histoire. Celle-ci imprègne les photographies et les charge en sentiments bruts.
Il est vrai que nos expériences, évoluant au fil du temps, nous permettent d’avoir, à chaque visite, un nouveau regard sur les images exposées. Comme si l’on tournait les pages du grand livre de notre vie, les sentiments passés ressurgissent. Parfois en rire, parfois en tristesse ou en mélancolie. C’est l’histoire de l’humanité dont chacun s’inspire. C’est puissant et d’une belle simplicité à la fois.
Pour cette raison, les photos n’ont pas été légendées. Cela permet au visiteur de poser son propre regard sur les images et de les rendre accessibles à tous. Il ne faut pas oublier que cette exposition a voyagé le monde entier, depuis New York en 1955, pour arriver à Clervaux, comme le voulait son créateur Edward Steichen. Il fallait donc que des humains, de cultures différentes, puissent apprécier le travail des photographes.
Comme elle le dit honnêtement, c’est une combinaison de hasard, de travail, de chance et de passion qui a amené Anke à gérer l’exposition à seulement 24 ans, à la sortie de ses études. Des études de communication audiovisuelle commencées à Liège et Paris et complétées par l’histoire de l’art au Royaume-Uni. Aujourd’hui, son quotidien est partagé entre le travail administratif, la recherche historique constante, les contacts avec les chercheurs ou étudiants, les collaborations nationales et internationales, la communication, la conservation et le développement de nouveautés, entre autres pédagogiques.
Car les enjeux futurs sont là. Il faut assurer la pérennité des œuvres artistiques présentes et délivrer toujours, au plus grand nombre, le magnifique message d’humanité laissé il y a 65 ans par Edward Steichen. Et pour cela, il était indispensable à l’exposition d’avoir une gardienne altruiste de cette mémoire collective, celle de l’après-guerre et d’un monde que rien ne semblait pouvoir arrêter.